Nous assistons tous les jours à de nombreux cas de violence qui prouvent que ce phénomène ne cesse de prendre de l’ampleur au sein de notre société et le milieu scolaire n’échappe malheureusement pas à ce fléau
La semaine dernière a été marquée par plusieurs cas de violences mettant en scène de jeunes élèves qui s’en prennent sauvagement à leurs enseignants en pleine école, dans des villes différentes. Sur les réseaux sociaux, les réactions ont été mitigées entre ceux qui ne tolèrent pas ce genre de comportements surtout envers les enseignants qui ont une noble mission et ceux qui soutiennent les élèves affirmant que ces derniers ne peuvent être punis sévèrement et qu’ils ont parfaitement le droit de se défendre face aux insultes et humiliations des profs qui, selon eux, «n’ont aucun niveau»
De leur côté, les enseignants ont tenu deux jours de grèves les 8 et 9 novembre pour protester contre cette situation, estimant que la multiplication des cas de violences n’est autre que le résultat du discours humiliant envers les enseignants. L’association Solidarité Universitaire Marocaine (SUM) affirme que de nombreux facteurs sont à l’origine de la recrudescence de ce phénomène. «La violence scolaire est un phénomène mondial qui est en train de foisonner au détriment de la sacralisation de l’école qui perd chaque jour sa stature. D’après l’étude des dossiers de violences et agressions à l’égard des enseignants, on constate que les causes reposent sur 3 facteurs. Il s’agit de facteurs associés à la société, tels que la défaillance de l’encadrement familial causée par le niveau culturel faible des parents et l’incapacité à offrir une supervision adéquate à leurs enfants, la pauvreté, l’exclusion, la montée de la violence dans la société, l’utilisation de la drogue au milieu des adolescents… Il y a également des facteurs associés à la famille qui accorde moins de temps à l’éducation de leurs enfants par le manque de suivi et de contrôle de leurs comportements
Et enfin des facteurs associés à l’école comme la faiblesse de crédibilité de la fonction de l’école, les châtiments corporels des élèves, les difficultés de communication, le climat de l’école qui peut contribuer à augmenter les troubles de comportements des élèves…», indique l’association Solidarité Universitaire Marocaine. Et d’ajouter : «Les enseignants sont régulièrement victimes de violence dans le cadre de leur travail et ceci leur cause des problèmes de santé, une diminution de plaisir d’enseigner et même le désir de quitter l’enseignement. C’est pourquoi, il faut agir rapidement en établissant un dialogue permanent avec les parents d’élèves, en instaurant des méthodes de démocratie et le respect de l’autre et organiser au niveau des médias une campagne d’informations sur la question de violence en milieu scolaire et ses conséquences. Il faut également mettre en place un accompagnement des enseignants victimes de violence et instaurer une loi dans le but de donner à l’affaire de la violence scolaire, un statut juridique». Et c’est justement ce que vient d’annoncer Saâd-Eddine El Othmani, Chef du gouvernement. Une loi-cadre qui posera les bases d’un traitement «stratégique et profond» du fléau de la violence dans les établissements scolaires est en cours d’élaboration et devrait être publiée avant 2018
Hajjar El Haiti
Journal le Matin du 13/11/2017 N° 16339